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et par la trahison imminente de son perfide disciple, dont il connaissait par avance les intentions. (Traité 6l.) Nôtre-Seigneur « voulu nous apprendre aussi par ce trouble, que lorsque la nécessité force l’Église de séparer de faux frères de son sein avant la moisson, ce ne doit jamais être sans un grand sentiment de trouble. Or, il fut troublé, non dans sa chair, mais dans son esprit ; car au milieu de ces scandales, le trouble des hommes vraiment spirituels ne vient pas d’un sentiment répréhensible, mais de la charité qui leur fait craindre qu’en arrachant l’ivraie, on ne déracine en même temps le bon grain. (Mat 13) — (Traité 60.) Que ce trouble ait eu pour cause ou un sentiment de compassion pour Judas, qui allait se perdre, ou les approches de sa mort, ce n’est point par faiblesse d’âme, mais par un acte de sa puissance que Jésus se trouble ; car ce trouble n’est point forcé, il est tout à fait volontaire, il se troubla lui-même, comme il est dit plus haut. Or, ce trouble est une source de consolation pour les membres faibles de son corps, c’est-à-dire, de son Église, que Jésus apprend à ne point se regarder comme coupables, si le trouble s’empare de leur âme aux approches de la mort de ceux qui leur sont chers. — ORIG. (Traité 32.) Jésus est troublé en esprit, c’est-à-dire, que ce sentiment humain était produit par la puissance de l’esprit. En effet, si tous les saints vivent, agissent et souffrent en esprit, à combien plus forte raison devons-nous l’assurer de Jésus, le premier et le chef de tous les saints.


S. AUG. (Traité 60.) Périssent donc tous les raisonnements des stoïciens, qui prétendent que l’âme du sage doit être complètement inaccessible au trouble ; de même qu’ils prennent la vanité pour la vérité, ils regardent l’insensibilité comme un indice de la force de l’âme.