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nécessaire, sans être choisi pour cette félicité dont Nôtre-Seigneur vient de dire : « Vous seriez bienheureux si vous les pratiquez ? »


ORIG. Voici une autre explication : Je ne pense pas qu’on puisse rattacher logiquement ces paroles : « Je ne dis pas ceci de vous tous, » à ces autres : « Vous serez bienheureux, pourvu que vous pratiquiez ces choses, » car on peut dire avec vérité de Judas, aussi bien que de tout autre : Il sera heureux s’il fait ces choses ; mais je crois qu’il faut les rattacher à la proposition qui précède : « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé, » car Judas n’était ni serviteur de la parole divine, puisqu’il était esclave du péché, ni apôtre, puisque le démon était entré dans son cœur. Le Seigneur donc qui connaît ceux qui sont à lui, ne connaît pas ceux qui lui sont étrangers ; c’est pour cela qu’il ne dit pas : Je connais tous ceux qui sont ici présents, mais : « Je connais ceux que j’ai choisis, » c’est-à-dire, je connais mes élus.


S. Chrysostome : Toutefois, comme il ne veut point contrister le grand nombre de ses disciples, il ajoute : « Mais il faut que cette parole de l’Ecriture soit accomplie : Celui qui mange le pain avec moi lèvera le pied contre moi. » Il montrait ainsi qu’il n’ignorait pas qu’on devait le trahir, ce qui eût dû suffire pour retenir le perfide Judas. Et remarquez qu’il ne dit pas : Il me trahira, mais : « Il lèvera le pied contre moi, » pour faire ressortir la ruse et les embûches cachées qu’on devait employer contre lui. — S. AUG. (Traité 59.) Que signifient, en effet, ces paroles : « Il lèvera le pied contre moi, » si ce n’est : Il me foulera aux pieds ? Sous cette expression figurée, il veut désigner son traître disciple. — S. Chrysostome : Il dit : « Celui qui mange le pain avec moi, » c’est-à-dire, celui que j’ai nourri, celui qui a partagé ma table.