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sa divinité, et pouvaient penser qu’il n’était que ce qu’il paraissait à leurs yeux. Le Sauveur, qui voulait que l’on crût sa nature et sa majesté égales à la nature et à la majesté de son Père, dit aux Juifs : « Celui qui croit en moi, ne croit point en moi, » c’est-à-dire, en ce qu’il voit de ses yeux, mais en celui qui m’a envoyé ; c’est-à-dire, en mon Père. Car, s’il pense que mon Père n’a que des fils selon la grâce, et qu’il n’a point de Fils qui lui soit égal et coéternel, il ne croit point au Père, qui l’a envoyé, parce que tel n’est point le Père, qui l’a envoyé. Et, comme il ne veut pas laisser supposer que son Père a bien engendré un grand nombre d’enfants par la grâce, mais qu’il n’est point le Père d’un Fils qui lui soit égal, il ajoute aussitôt : « Et celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. » C’est-à-dire, il est si vrai qu’il n’y a point de différence entre mon Père et moi, que celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. Certainement c’est le Seigneur qui a envoyé les Apôtres, jamais cependant aucun d’eux n’a osé dire : « Celui qui croit en moi ; » car, nous croyons à l’apôtre, mais nous ne croyons pas en l’apôtre. Le Fils unique au contraire peut dire avec raison : « Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi, mais croit en celui qui m’a envoyé. » Non pas qu’il repousse la foi de celui qui croit en lui, mais il ne veut pas que cette foi s’arrête à la forme du serviteur.


S. Chrysostome : Ou bien encore, ces paroles : « Celui qui croit en moi, ne croit point en moi, mais en celui qui m’a envoyé, » doivent être entendues dans ce sens : Celui qui reçoit l’eau d’un fleuve, ne reçoit pas l’eau du fleuve, mais l’eau qui sort de la source. Or, le Sauveur voulant