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pourquoi donc ne pouvaient-ils croire ? Je réponds : Parce qu’ils ne le voulaient pas ; car, de même que c’est la gloire de la volonté divine que Dieu ne puisse se démentir lui-même, ainsi c’est la faute de la volonté humaine de ne pouvoir croire à la parole divine. — S. Chrysostome : Cette manière de parler est passée en usage ; c’est ainsi que l’on dit : Nous ne pouvons l’aimer, en rejetant sur l’impuissance de la volonté ce qui est l’effet d’une violente antipathie. L’Evangéliste se sert de cette expression : « Ils ne pouvaient pas, » pour montrer qu’il était impossible que le Prophète ait fait une fausse prédiction ; mais ce n’est point cette prédiction qui leur rendait la foi impossible, car Isaïe ne l’eût point faite s’ils avaient dû croire.


S. AUG. Mais, direz-vous, le Prophète indique une autre cause que leur volonté, quand il ajoute : « Il a aveuglé leurs yeux, » etc. Je réponds que c’est leur volonté qui a mérité cet aveuglement, car Dieu aveugle et endurcit, en abandonnant et en refusant son secours, ce qu’il peut faire par un jugement secret, mais qui ne peut jamais être injuste. — S. Chrysostome : Dieu, en effet, ne nous abandonne que lorsque nous le voulons, selon ces paroles du prophète Osée : « Vous avez oublié la loi de votre Dieu, je vous oublierai moi-même. » (Os 4, 6.) Il parle ainsi pour nous apprendre que c’est nous qui commençons nous-mêmes l’œuvre de notre réprobation, et qui devenons la cause de notre perte. De même que le soleil blesse une vue malade, bien que cet effet ne soit point dans sa nature, ainsi arrive-t-il pour ceux qui ne font nulle attention aux enseignements divins. Or, ces paroles de l’Ecriture : « Il a aveuglé et endurci, » sont propres à jeter l’effroi dans l’âme des auditeurs.— S. AUG. Dans celles qui suivent : « Et que venant à se convertir, je les guérisse, » faut-il sous-entendre la particule