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faisait à ses disciples, de ne craindre ni les souffrances ni la mort ; ils auraient pu répondre qu’il lui était facile, à lui, qui était placé en dehors des douleurs de notre humanité, de philosopher sur la mort et de les engager à supporter des épreuves dont il était affranchi ; il prévient cette objection en leur faisant voir qu’il est lui-même exposé aux mêmes dangers, et que cependant, à cause du bien qui doit en résulter, il ne craint pas la mort. C’est ce qui lui fait dire : « Et maintenant mon âme est troublée. » — S. AUG. (Traité 52.) J’entends ces paroles : « Celui qui hait son âme en ce monde, la garde pour la vie éternelle ; » et je me sens enflammé d’un saint mépris pour le monde, et la vapeur légère de cette vie, quelque prolongée qu’elle soit, n’est rien à mes yeux, l’amour des biens éternels me fait paraître viles toutes les choses de la terre ; et voilà que j’entends de nouveau le Seigneur me dire : « Maintenant mon âme est troublée. » Vous commandez à mon âme de vous suivre, mais je vois que la vôtre est dans le trouble ; sur quel fondement m’appuyer, si la pierre elle-même succombe ? Je reconnais, Seigneur, votre miséricorde ; c’est votre charité qui est la cause de votre trouble, et vous voulez ainsi consoler et sauver du désespoir, qui les perdrait, les membres si nombreux de votre corps, qui sont troublés par suite des faiblesses nécessaires de leur nature. Notre chef a donc voulu ressentir en lui toutes les affections de ses membres. Son trouble ne vient donc point d’une cause étrangère, mais comme l’Evangéliste l’a remarqué plus haut, il s’est troublé lui-même. — S. Chrysostome : (hom. 67.) Aux approches de sa croix, il fait paraître les sentiments qui sont propres à notre humanité, une nature qui a horreur de la mort, et qui s’attache à la vie présente, et Il prouve ainsi qu’il n’était point étranger aux fassions de notre humanité ; car ce n’est pas plus un crime de désirer conserver la vie présente que ce