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comment il était pour les uns une bonne odeur qui donnait la vie, et pour les autres une mauvaise odeur qui donnait la mort : « Alors un de ses disciples, Judas Iscariote, qui devait le trahir, dit : Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers, » etc. — S. AUG. Les autres évangélistes disent que les disciples murmurèrent également à la vue de ce parfum répandu, saint Jean ne parle que de Judas, on peut donc dire que saint Matthieu et saint Marc ont voulu désigner Judas sons le nom des disciples en général, en mettant le pluriel pour le singulier. On peut encore dire que les disciples eurent la même pensée que Judas, ou qu’ils l’exprimèrent, ou que Judas leur fit partager sa manière de voir, et que saint Matthieu et saint Marc ont exprimé ce qu’ils pensaient intérieurement. Mais Judas parle ainsi parce que c’était un voleur, et les autres par intérêt pour les pauvres, et Jean n’a cru devoir ici mentionner que celui dont il voulait faire apparaître l’habitude de voler : « Il dit cela, non qu’il se souciât des choses, mais parce qu’il était voleur, et qu’ayant la bourse, il portait ce qu’on y déposait. » — ALCUIN. Son devoir était de la porter, son crime de la voler.


S. AUG. La perversion de Judas ne date pas seulement du jour où il reçut des Juifs la somme d’argent pour leur livrer Nôtre-Seigneur, bien auparavant il avait la passion du vol, il était déjà perdu, et suivait Jésus, non de cœur, mais de corps seulement. Le Seigneur voulut nous apprendre ainsi à supporter les méchants pour ne point diviser le corps de Jésus-Christ. Celui qui vole l’Église en quelque chose, est semblable au traître Judas. Si vous êtes bon, tolérez les mauvais pour obtenir la récompense des bons, et ne point partager le supplice des