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ne dit pas cela de lui-même, » nous apprend qu’il y a des choses que nous pouvons dire par nous-mêmes, sans avoir besoin pour cela d’aucun secours étranger, mais qu’il en est d’autres qui nous sont inspirées par une vertu secrète, bien que nous ne les comprenions point dans toute leur étendue. Dans ce dernier cas, nous nous attachons au sens que paraissent présenter les choses que nous disons, mais sans comprendre dans quelle intention elles nous ont été dictées. C’est ainsi que Caïphe ne dit rien ici de lui-même, et ne pense point faire une véritable prophétie, parce qu’il ne comprend pas le sens prophétique des paroles qu’il prononce. Tels étaient ces prétendus docteurs de la loi dont parle saint Paul : « Qui n’entendent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment. » (1 Tm 1, 7) — S. AUG. (Traité 49.) Nous apprenons par cet exemple que des hommes livrés au mal peuvent recevoir l’esprit de prophétie pour prédire l’avenir, ce que l’Evangéliste attribue à un conseil secret de la divine providence, parce que Caïphe était grand-prêtre cette année. — S. Chrysostome : (hom. 65.) Voyez combien grande est la puissance de l’Esprit saint, qui peut faire sortir d’un esprit corrompu un oracle prophétique ! Voyez aussi la grandeur et la vertu du pouvoir pontifical. Caïphe est grand-prêtre, tout indigne qu’il est de cet honneur, et il prophétise sans savoir ce qu’il dit : La grâce ne s’est servi que de ses lèvres, et n’effleura même pas le cœur de cet homme profondément corrompu. — S. AUG. Caïphe ne prophétisa que de la seule nation des Juifs, dans laquelle se trouvaient les brebis, dont le Seigneur a dit lui-même : « Je ne suis envoyé qu’aux brebis qui ont péri de la maison d’Israël. » (Mt 15) Mais l’Evangéliste savait qu’il y avait d’autres brebis qui n’étaient pas de cette bergerie et qu’il fallait amener au bercail (Jn 10) ; et c’est pour cela qu’il