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Ils ne le regardent encore que comme un homme, après qu’il leur a donné une si grande preuve de sa divinité.


ORIG. (Traité 28 sur S. Jean.) Le langage que tiennent les pontifes et les pharisiens nous donne une idée de l’étendue de leur folie et de leur aveuglement. Quelle folie, en effet, de reconnaître et d’attester que Jésus a opéré un grand nombre de miracles, et de penser qu’ils pouvaient néanmoins lui dresser des embûches, comme s’il n’était point capable de déjouer toutes leurs machinations ! Leur aveuglement n’est pas moins surprenant, de ne pas voir que celui qui pouvait opérer de si grands prodiges, pouvait également échapper à leurs embûches, à moins que dans leur pensée ses miracles ne fussent pas l’œuvre d’une puissance divine. Ils forment donc le dessein de ne point le laisser aller, ils s’imaginent par là empêcher ses disciples de croire en lui, et s’opposer à ce que les Romains ne détruisent leur pays et leur nation : « Si nous le laissons faire, disent-ils, tous croiront en lui, et les Romains viendront, » etc. — S. Chrysostome : (hom. 64.) En parlant de la sorte, ils veulent soulever le peuple, comme s’il courait le danger d’être soupçonné par les Romains de vouloir s’affranchir de leur domination, et leurs paroles peuvent ainsi se traduire : Si les Romains le voient entraîner la multitude après lui, ils en prendront ombrage, croiront que nous voulons nous ériger en pouvoir indépendant, et ils détruiront notre cité. Mais cette supposition était purement imaginaire ; car sur quoi reposait-elle ? Voyait-on Jésus entouré d’hommes en armes ? traînait-il après lui des escadrons de gardes ? Au contraire, ne cherchait-il pas la solitude ? Ils ne veulent pas qu’on les soupçonne de vouloir la mort du Sauveur, et ils mettent en avant le