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soit assuré par la déposition de deux ou trois témoins, » (Dt 19, 18) ne laissent pas de soulever une grande difficulté et paraissent renfermer un sens mystérieux ; car il peut arriver que deux témoins se rendent coupables de mensonge. La chaste Suzanne était accusée par deux faux témoins (Dn 13) ; le peuple juif tout entier se rendit coupable de calomnies atroces contre Jésus-Christ (Mt 27) ; comment donc entendre ces paroles : « Tout sera assuré par la déposition de deux ou trois témoins, » si nous n’y voyons une allusion mystérieuse à la sainte Trinité, qui possède éternellement l’immuable vérité ? Recevez donc, dit le Sauveur, notre témoignage, si vous ne voulez éprouver la rigueur de notre jugement ; je diffère le jugement, mais je ne diffère point le témoignage : « Or, je rends moi-même témoignage de moi, » etc. — Bède : Nous voyons dans bien des passages de l’Ecriture, que le Père rend témoignage à son Fils, comme dans le Psaume 2 : « Je vous ai engendré aujourd’hui, » et dans saint Matthieu (3 et 17), où le Père dit de lui : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. »


S. Chrysostome : (hom. 52.) Ou bien encore, si l’on prend cette parole dans le sens le plus simple, elle présente une véritable difficulté. Parmi les hommes, il a été établi que toute déposition doit être appuyée sur le témoignage de deux ou trois témoins, parce qu’un seul témoin n’est pas digne de foi ; mais comment faire à Dieu l’application de cette règle ? Cependant cette proposition n’a point d’autre raison d’être. Parmi les hommes, lorsque deux témoins déposent sur un fait qui ne leur est point personnel, leur témoignage est vrai, parce que c’est le témoignage de deux personnes distinctes, mais si l’un des deux vient à se rendre témoignage à lui-même, ce ne sont plus deux témoins,