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Le langage qu’ils lui tiennent parait inspiré par l’amitié, mais il est empreint d’un profond sentiment d’aigreur, et ils l’accusent à la fois de timidité et d’amour de la vaine gloire : « Personne, disent-ils, n’agit en secret. » Voilà l’accusation de crainte et de timidité, et en même temps l’expression d’an doute sur la vérité de ses miracles. Ils ajoutent : « Lorsqu’il désire d’être connu, » voilà le reproche d’aimer la vaine gloire. Cependant Jésus leur répond avec douceur, et nous enseigne par sa conduite à ne point nous irriter des conseils qui peuvent nous être donnés par des hommes peu estimables. Mais Jésus leur dit : « Mon temps n’est pas encore venu, pour vous votre temps est toujours prêt. »


Bède : Ces paroles pourraient paraître contraires à ce que dit l’Apôtre : « Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; » etc. (Ga 4) il faut donc les rapporter non pas au temps de la naissance du Sauveur, mais à celui où il devait être glorifié. — S. AUG. (Traité 28.) Ils lui donnent le conseil de rechercher la gloire, obéissant en cela à des inspirations mondaines et terrestres, et ne pouvant souffrir que le Sauveur restât dans l’obscurité et l’oubli. Mais Jésus veut au contraire frayer par l’humilité le chemin qui conduit à la gloire : « Il leur dit donc : Mon temps (c’est-à-dire le temps de ma gloire, où je viendrai juger le monde avec majesté), n’est pas encore venu, mais votre temps (c’est-à-dire le temps de la gloire du monde), est toujours prêt. » Puisque nous sommes le corps du Seigneur, lorsque les partisans du monde nous insultent, répondons-leur : « Votre temps est toujours prêt, notre temps n’est pas encore arrivé ; » notre patrie est sur les hauteurs, le chemin qui nous y conduit est humble : celui qui refuse de suivre le chemin, c’est en vain qu’il cherche la patrie.