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l’apôtre Philippe qui dit au Sauveur dans la suite : « Montrez-nous votre Père, et cela suffît. » Nôtre-Seigneur commence donc par instruire son disciple, car s’il avait opéré le miracle de la multiplication des pains sans autre préparation, ce miracle n’eût point apparu dans tout son éclat. Jésus l’oblige donc de reconnaître son impuissance à suffire aux besoins de cette multitude pour qu’il demeure bien convaincu de la grandeur du miracle qui va se faire : « Il parlait ainsi pour le tenter, » dit l’Evangéliste.


S. AUG. (Serm. 2 sur les par. du Seign.) Il est une tentation qui porte directement au péché, et elle ne peut jamais être l’œuvre de Dieu qui ne porte jamais personne au mal, selon la parole de saint Jacques. Il est encore une tentation qui a pour objet d’éprouver la foi, et dont Moïse dit : « Le Seigneur votre Dieu vous éprouve, afin qu’on sache si vous l’aimez on non, » (Dt 13, 3) et c’est dans ce sens qu’il faut entendre la question que Jésus faisait à Philippe pour le tenter. — S. Chrysostome : (hom. 42.) Est-ce donc que Nôtre-Seigneur ignorait la réponse que lui ferait son disciple ? Non sans doute, mais l’Evangéliste se conforme ici à la manière de parler en usage parmi les hommes-Ainsi lorsque l’Ecriture dit de Dieu « qu’il sonde les cœurs des hommes, » (Rm 8, 27) cette expression ne signifie nullement un examen qui a pour cause l’ignorance, mais une absolue certitude, de même l’Evangéliste en rapportant que Jésus parlait de la sorte pour éprouver son disciple, veut simplement dire qu’il savait certainement ce que Philippe lui répondrait. On peut dire encore que par cette question, Nôtre-Seigneur voulait faire passer son disciple par cette épreuve pour le rendre plus certain du miracle qu’il allait opérer, et l’Evangéliste qui semble craindre que la manière dont il s’exprime ne donne une idée peu favorable du Sauveur, se hâte d’ajouter : « Car il savait ce qu’il devait faire. »