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vont après le sanglier avec beaucoup d’ardeur ; mais cet animal se confiant à sa force naturelle, se retourne, leur fait tête ; et marquant sa férocité par le bruit qu’il faisoit avec ses dents, il les regarde tous deux, incertain, sur lequel il se jettera le premier. Tlépolême lui lance le javelot qu’il tenoit en sa main, et lui perce le dos. Cependant Thrasile épargnant la bête, frappe avec sa lance le cheval de Tlépolême, et lui coupe les jarrets. Ce cheval perdant son sang, et ne pouvant plus se soutenir, tombe et jette, malgré lui, son maître par terre. En même-temps le sanglier en fureur vient à la charge sur lui ; et dans cet état, lui ayant déchiré ses habits, il le déchire lui-même en plusieurs endroits avec ses défenses, pendant qu’il faisoit ses efforts pour se relever.

Thrasile, cet ami généreux, n’eut aucun remords de l’action détestable qu’il avoit commencée, et, quoique sa cruauté dût être rassasiée, il ne fut point encore satisfait ; car, dans le temps que Tlépolême, tout troublé, tâchoit de couvrir ses blessures, et qu’il imploroit tendrement son secours, il lui perce la cuisse droite avec sa lance ; ce qu’il fit avec d’autant plus de hardiesse, qu’il jugea que cette plaie ressembleroit à un coup de défenses de la bête ; il ne laissa pas ensuite de percer d’outre en outre le sanglier avec assez de facilité.

Après que ce jeune homme eut ainsi été tué,