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ayant parcouru différens endroits, pour retrouver une genisse qu’ils avoient perdue, nous rencontrèrent par hazard, et me prenant aussi-tôt par mon licou, qui avoit servi à me faire reconnoître, ils se mirent en devoir de m’emmener ; mais l’homme qui étoit sur moi, leur réſiſtant avec beaucoup de hardiesse, attestoit les hommes et les Dieux. Pourquoi, leur disoit-il, usez-vous de violence avec moi ? pourquoi m’arrêtez-vous ? Te traitons-nous injustement, lui répondirent les pâtres ? Toi qui emmènes notre âne, dis-nous plutôt où tu as caché le jeune homme qui le conduisoit, que tu as tué sans doute. En disant cela, ils le jettent à terre, et le maltraitent à coups de poing et à coups de pied. Pendant qu’il leur juroit qu’il n’avoit vu personne avec l’âne ; qu’il l’avoit trouvé seul qui s’enfuyoit, et qu’il l’avoit pris dans le dessein de le rendre à son maître, pour avoir quelque chose pour sa peine : Et plût au ciel, continua-t-il, que cet animal, que je voudrois n’avoir jamais vu, pût parler, et rendre témoignage de mon innocence ! certainement vous seriez fâchés de la manière indigne dont vous me traitez.

Tout ce que cet homme put dire fut inutile ; car ces maudits paysans l’attachèrent avec une corde par le cou, et le menèrent dans la forêt sur la montagne, vers l’endroit où le jeune homme avoit coutume de prendre du bois ; ils le cherchèrent en vain pendant quelque temps ; enfin ils trouvèrent