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danger, où elle étoit exposée ; cependant, sans leur secours, nous aurions eu une affaire terrible sur les bras, et qui nous auroit perdus.

Ce malheureux ajoutant plusieurs autres mensonges à ceux-là, me causoit d’autant plus de peine que je ne pouvois le démentir. Enfin par ces sortes de discours, il anima si cruellement tous les pâtres contre moi, que l’un d’eux prenant la parole : Pourquoi donc souffrons-nous, dit-il, ce mari bannal, cet adultère public ? Que ne l’immolons-nous comme il le mérite, pour expier ses crimes ? Coupons-lui la tête tout-à-l’heure, continua-t-il, donnons ses entrailles à manger à nos chiens, et gardons le reste de sa chair pour le souper de nos ouvriers, nous reporterons à notre maître sa peau saupoudrée de cendre et séchée, et nous lui ferons croire facilement que les loups l’ont étranglé.

Aussi-tôt ce scélérat, qui m’avoit accusé faussement, et qui même se chargeoit avec joie d’exécuter la sentence que les bergers avoient prononcée contre moi, se met à repasser son couteau sur une pierre à aiguiser, insultant à mon malheur, et se souvenant des coups de pieds que je lui avois lâchés, et qui n’avoient point eu leur effet, dont j’étois certainement bien fâché. Mais un de ces paysans prenant