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simplement par la voix, mais encore par des signes visibles que son Génie se manifestoit à lui : car souvent ce n’est pas une voix qu’il dit avoir ouie, c’est un signe divin qui s’est offert à lui. Or, ce signe peut n’être autre chose, que l’image même du Génie qui n’étoit visible que pour Socrate, comme la Minerve d’Homère pour Achille.

Je ne doute point que plusieurs de ceux qui m’écoutent n’aient quelque peine à me croire sur ma parole, et que la figure de ce Démon qui se faisoit souvent voir à Socrate, ne leur paroisse quelque chose de trop merveilleux. Mais Aristote qui, ce me semble, est d’une autorité suffisante, leur répondra pour moi, que les Pithagoriciens étoient étonnés toutes les fois qu’ils entendoient quelqu’un assurer qu’il n’avoit jamais vu de Génie. Or, si cette faculté peut être accordée à quelques-uns, pourquoi Socrate ne l’auroit-il pas eue plutôt qu’un autre, lui qui, par la grandeur de sa sagesse, égaloit en quelque sorte les Dieux ? Car rien n’approche tant de la Divinité qu’un mortel parfaitement bon, parfaitement sage, et qui