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prudence, et décidoit en un moment ce que les plus mûres délibérations n’auroient pu décider. Car il y a bien des occasions où les plus sages sont souvent obligés d’avoir recours aux devins et aux oracles.

Homère ne nous a-t-il pas fait voir, comme dans un grand miroir, les fonctions de la prudence et de la divination distinctement séparées ? Quand la division s’est mise entre Agamemnon et Achille, tous deux les premiers des Grecs, l’un par sa puissance, et l’autre par sa valeur, et qu’il est question de trouver un homme recommandable par son expérience et par la force de ses discours, qui puisse fléchir l’orgueil du fils d’Atrée, appaiser la férocité du fils de Pelée, et les retenir l’un et l’autre par son autorité, par son exemple et par son éloquence, quel est celui sur qui on jette les yeux ? On choisit le sage Nestor, vieillard vénérable par un long usage des choses de la vie, joint au talent de persuader, et qui, dans un corps affoibli par les années, renfermoit une prudence mâle et vigoureuse, soutenue de tous les charmes et de