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de cet équilibre ; car les nuées sont à-peu-près semblables à la légèreté des corps de ces démons ; si elles n’avoient absolument aucune pesanteur, on ne les verroit jamais, comme nous les voyons fort souvent, abaissées au-dessous du sommet d’une haute montagne, l’entourer, comme une espèce de collier. Au reste, si leur densité et leur pesanteur étoit telle qu’elle ne fût tempérée par aucune légèreté qui les soutînt, il est certain que d’elles-mêmes elles tomberoient violemment contre terre, ainsi que pourroit faire une pierre ou une masse de plomb. Mais on les voit suspendues et mobiles dans cette mer aérienne, aller de côté et d’autre, suivant qu’elles sont poussées par les vents, changeant peu à-peu de figure, à mesure qu’elles s’approchent ou qu’elles s’éloignent ; car, si elles sont trop pleines d’eau, elles s’abaissent pour produire de la pluie. Ainsi, plus les nuages sont chargés d’humidité, plus on les voit noirs et épais s’approcher doucement de la terre, et moins ils en sont chargés, plus on les voit brillans et semblables à des pelotons de laine s’élever