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étouffé la douceur de leur naturel, et soient devenus si féroces, qu’on peut dire que l’homme s’est rendu le plus méprisable de tous les animaux ; mais il n’est pas question présentement de discourir des erreurs, il s’agit de la division de la nature.

Les hommes sont sur la terre doués de raison et de l’usage de la parole ; ils ont une ame immortelle enveloppée d’une matière périssable : leur esprit est inquiet et léger, leur corps est terrestre et infirme, leurs mœurs sont différentes, leurs erreurs sont semblables, toujours entreprenans, espérans jusqu’au dernier soupir, travaillans vainement, sujets aux caprices de la fortune, et enfin tous soumis à la mort. Éternels cependant dans leur espèce, ils changent seulement en ce qu’ils se succèdent les uns aux autres en fort peu de temps. Ils n’acquièrent la prudence que bien tard, et trouvent bien-tôt la fin d’une vie qu’ils passent dans des misères continuelles.

Vous avez donc deux espèces d’êtres