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de ma réception qui avoit même été réitérée. Il faut, disois-je, que ces deux prêtres ne m’aient pas bien conseillé, ou du moins qu’ils aient omis quelque chose ; et à dire la vérité, je commençois à avoir mauvaise opinion de leur bonne foi.

Pendant que j’étois livré à ces inquiétudes, aussi troublé que si j’eusse perdu l’esprit, le Dieu favorable m’apparut la nuit en songe, et me tira de peine : Il ne faut point, me dit-il, que tu sois effrayé du long enchaînement des cérémonies de la religion, comme si jusqu’ici on avoit manqué à quelque chose dans celles de ta réception ; au contraire, tu dois avoir un grand contentement, de ce que les Dieux te comblent de tant de faveurs, et te réjouir de recevoir trois fois un honneur que les autres ont bien de la peine à obtenir une fois, et tu peux t’assurer que, par la vertu de ce nombre de trois, tu seras heureux à jamais. Au reste, tu verras que cette troisième consécration t’est extrêmement nécessaire, si tu fais réflexion que la robe de la Déesse, avec laquelle tu as été initié en Grèce, est restée dans son temple, et qu’ainsi tu ne saurois t’en servir à Rome dans les fêtes solemnelles, ni lorsqu’on te l’ordonnera. Obéis donc aux Dieux avec joie, et fais-toi initier encore une fois dans les sacrés mystères de religion, ce qui te puisse être heureux, propice et salutaire. Ensuite cette