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qui alloit à Rome. Les vents favorables me conduisirent sans accident et en fort peu de temps au port d’Ostie (33). De-là je pris une chaise roulante qui me porta en diligence dans cette sainte ville (34), où j’arrivai la veille des ides de Décembre, au commencement de la nuit.

Le plus grand de mes soins fut ensuite d’aller tous les jours me prosterner devant la suprême divinité de la reine Isis, qu’on y révère avec de profonds respects, sous le nom d’Isis du champ de Mars, à cause que son temple y est situé. J’étois très-assidu à adorer la Déesse, étranger à la vérité dans ce temple, mais naturalisé dans sa religion. Cependant au bout de l’année de ma réception dans ses mystères, elle eut la bonté de m’apparoître encore en songe, et de m’avertir de me faire initier pour la seconde fois. J’étois fort en peine de ce que cela vouloit dire, et quelle en seroit l’issue ; car il me sembloit que j’avois été suffisamment initié.

Pendant que j’examinois, tant par mes propres lumières que par les avis des prêtres, le pieux scrupule qui m’agitoit, je découvris une chose bien nouvelle et bien surprenante : J’étois à la vérité initié dans les sacrés mystères de la Déesse, mais je ne l’étois pas dans ceux du grand Dieu, le souverain père de tous les Dieux, l’invincible Osiris ; car bien que ces divinités soient unies ensemble, ou plutôt ne fassent qu’une même chose, il y a cependant une