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cependant de garder sous le silence ses mystères secrets, et que, par sa providence, elle les faisoit pour ainsi dire, renaître et entrer dans la carrière d’une nouvelle vie ; qu’il falloit donc que j’attendisse l’ordre des cieux, quoique par la bonté de la Déesse qui s’étoit manifestée d’une manière si éclatante à mon égard, je fusse destiné à ce bienheureux ministère ; que je devois, dès ce jour, m’abstenir des viandes profanes et défendues, comme les autres religieux, afin que mon esprit pût mieux atteindre aux secrets les plus cachés de cette sainte religion.

C’est ainsi que le prêtre me parla : je lui obéis en modérant mon impatience, et j’assistois tous les jours très-assidument au service divin, l’esprit tranquille, et gardant un silence respectueux. Enfin la bonté de la puissante Déesse ne trompa point mon espérance, elle ne voulut pas me faire languir davantage par un plus long délai, et dans une nuit obscure, elle m’avertit fort clairement pendant mon sommeil, que le jour que j’avois tant souhaité étoit arrivé ; elle m’instruisit aussi de la dépense, qu’elle vouloit que je fisse pour ma réception, et me désigna en même-temps son grand prêtre lui-même pour en faire la cérémonie, en me disant qu’il y avoit une union entre lui et moi, causée par l’influence des astres.

Après que cette grande Divinité m’eut ainsi annoncé ses ordres, je m’éveillai un peu avant le