Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/415

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce qu’examinant avec soin les devoirs du ministère de la religion, je connoissois qu’il n’étoit pas aisé de s’en bien acquitter ; que la chasteté qu’on étoit obligé de garder, étoit une chose fort difficile, et qu’il falloit bien de la prudence et de la circonspection pour se maintenir dans l’innocence, au milieu de tant de dangers où l’on est exposé dans la vie. Ainsi l’esprit toujours occupé de ces pensées, malgré toute mon envie, je différois insensiblement de jour en jour à me faire recevoir.

Il arriva qu’une nuit, pendant mon sommeil, je crus voir le grand prêtre ; il me sembla qu’il m’offroit plusieurs choses qu’il portoit dans son sein ; que je lui en demandois la raison, et qu’il me répondoit : Que tout cela m’étoit envoyé de Thessalie, et même que mon valet, nommé Candidus, venoit d’en arriver. Lorsque je fus éveillé, je cherchai long-temps dans mon esprit ce qu’une telle vision pouvoit me présager, d’autant plus que je savois bien certainement n’avoir jamais eu de valet qui s’appellât Candidus : Cependant, de quelque manière que j’interprétasse ce songe, je trouvois que ces choses qu’on m’offroit ne pouvoient m’annoncer que du profit. Etant ainsi occupé de l’espérance de quelque événement avantageux, j’attendois qu’on ouvrît les portes du temple, à l’heure qu’on a coutume de le faire tous les matins. Quand nous y fûmes entrés, et qu’on eut tiré le rideau qui couvroit l’adorable