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j’avois reçu de la Déesse. Aussi-tôt mes parens, mes domestiques et mes esclaves mettant bas la tristesse que le faux bruit de ma mort leur avoit causée, accourent transportés de joie et avec des présens, pour voir un homme que les Dieux avoient conservé et retiré, pour ainsi dire, des enfers.

Leur vue, à laquelle je ne m’attendois pas si-tôt, me fit un fort grand plaisir. Je les remerciai de leurs offres honnêtes, mes gens avoient eu soin de m’apporter suffisamment ce qui m’étoit nécessaire. Après que je les eus salués l’un après l’autre, comme je le devois, et que je leur eus conté mes travaux passés et ma joie présente, je retournai devant l’image de la Déesse, que je ne me lassois point de considérer, et je fis marché pour le louage d’une maison dans l’enceinte du temple où j’établis ma demeure pour un temps. Je me trouvois continuellement dans la société des prêtres, et j’étois assidument attaché au service de la Déesse dont je ne me séparois point.

Je ne passai pas une seule nuit, et le sommeil ne ferma pas mes yeux un moment, qu’elle ne m’apparût en songe, et ne me donnât des avertissemens. Elle m’ordonna plusieurs fois de me faire initier dans sa religion. Quoique j’y fusse destiné depuis long-temps, et que je le souhaitasse avec beaucoup de passion, une pieuse crainte me retenoit,