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tuyau ; de l’autre, elle avoit une anse fort grande, qu’entortilloit jusqu’au haut un aspic, dont le cou plein d’écailles s’élevoit en se courbant.

Enfin le moment favorable que la puissante Déesse m’avoit promis, approchoit, et le prêtre tel qu’elle me l’avoit dépeint, s’avançoit portant ce qui devoit finir mes malheurs. Il tenoit en sa main droite le sistre de la Déesse et une couronne de roses, qui étoit véritablement une couronne pour moi, puisque, par la divine providence, après avoir surmonté tant de travaux et évité tant de périls, je remportois la victoire sur la fortune ennemie qui me persécutoit depuis si long-temps. Quoique je me sentisse pénétré tout d’un coup d’une joie extraordinaire, je ne m’avançai point avec trop d’empressement, dans la crainte que j’eus, que la course précipitée d’un animal tel que moi, ne troublât l’ordre et la cérémonie de la fête ; mais d’une démarche posée, telle qu’auroit pu l’avoir un homme, je m’avançai respectueusement au travers de la foule du peuple qui se rangeoit, comme par une inspiration de la Déesse, et me laissoit le passage libre. Je m’approchai du prêtre insensiblement. Si-tôt qu’il m’apperçut, il se souvint de l’avertissement qu’il avoit eu la nuit en songe ; ce que je connus bien, car il s’arrêta d’abord saisi d’admiration, de voir que les choses se rapportoient aux ordres qu’il avoit reçus, et de lui-même étendant la main,