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celle que je ressentois, qu’il me sembloit qu’elle s’étendoit jusques sur les animaux, et que le jour et même les êtres inanimés avoient une face plus riante ; car, après la gelée blanche de la nuit précédente, le soleil ramenoit le plus beau jour de la nature, en sorte que les oiseaux, réjouis du retour du printemps, remplissoient l’air de leurs chants mélodieux, et par de doux concerts, rendoient hommage à la souveraine mère des temps, des astres et de tout l’univers. Les arbres mêmes, tant ceux qui rapportent des fruits, que ceux qui ne servent qu’à donner de l’ombrage, ranimés par la chaleur des vents du midi, et embellis par leur verdure renaissante, faisoient entendre un agréable murmure, qu’excitoit le doux mouvement de leurs branches. La mer ne faisoit plus gronder ses tempêtes et ses orages ; ses flots tranquilles mouilloient doucement le rivage, et la brillante voûte des cieux, n’étoit obscurcie par aucun nuage.

Cependant le pompeux appareil de cette fête commence à se mettre en marche. Tous ceux qui le composoient s’étoient ajustés de différentes manières, chacun suivant son goût et son inclination. L’un avec un baudrier sur le corps, représentoit un soldat ; un autre étoit en chasseur, avec une casaque, un petit sabre au côté, et un épieu dans sa main ; celui-ci, chaussé avec des souliers dorés, vêtu d’une robe de soie, et paré magnifiquement de tous les ornemens qui conviennent au beau sexe, ayant ses