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Je tâcherai de vous la dépeindre telle que je la vis, si cependant la foiblesse des expressions humaines peut me le permettre, ou si cette même divinité m’inspire toute l’éloquence qui est nécessaire pour un si grand sujet.

Ses cheveux épais, longs et bouclés ornoient sans art sa tête divine, et tomboient négligemment sur ses épaules. Elle étoit couronnée de diverses fleurs qui, par leur arrangement, formoient plusieurs figures différentes ; elle avoit au-dessus du front un cercle lumineux en forme de miroir, ou plutôt une lumière blanche qui me faisoit connoître que c’étoit la lune. Elle avoit à droite et à gauche deux serpens, dont la figure représentoit assez bien des sillons (8), sur lesquels s’étendoient quelques épis de bled. Son habillement étoit d’une robe de lin fort déliée, de couleur changeante, qui paroissoit tantôt d’un blanc clair et luisant, tantôt d’un jaune de safran, et tantôt d’un rouge couleur de roses (9), avec une mante d’un noir si luisant, que mes yeux en étoient éblouis. Cette mante qui la couvroit de part et d’autre, et qui, lui passant sous le bras droit, étoit rattachée en écharpe sur l’épaule gauche, descendoit en plusieurs plis, et étoit bordée d’une frange que le moindre mouvement faisoit agréablement flotter. Le bord de la mante, aussi bien que le reste de son étendue, étoit semé d’étoiles, elles environnoient une lune