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et danser, qui badine, qui entend tout ce qu’on lui dit, et qui se fait entendre par signes. Mais il faut du moins que je vous dise présentement, puisque j’aurois dû le faire d’abord, qui étoit mon maître, et d’où il étoit. Il se nommoit Thyasus ; il étoit de Corinthe, ville capitale de la province d’Achaïe, où, après avoir passé par toutes les dignités, comme il convenoit à un homme de sa naissance et de son mérite, il avoit été nommé à la première charge de magistrature, dont l’exercice duroit cinq ans. Pour répondre à l’éclat de l’emploi qui lui étoit destiné, il avoit promis de donner au peuple un spectacle de gladiateurs pendant trois jours ; mais sa magnificence n’en demeura pas là ; et, comme il aimoit la gloire et la réputation, il étoit venu exprès en Thessalie, pour y acheter les bêtes féroces les plus rares, et les gladiateurs les plus fameux.

Quand il eut trouvé ce qui lui convenoit, et qu’il eut donné ses ordres sur toutes choses, il se disposa à retourner chez lui à Corinthe. Il ne voulut point se servir dans son voyage de ses chars magnifiques, ni de ses chaises roulantes suspendues, dont les unes étoient fermées, et les autres découvertes. Tout ce brillant équipage le suivoit à vuide ; il ne monta point aucun de ses beaux chevaux de Thessalie ou des Gaules, qui sont si estimés, il se servit de moi pour le porter, m’ayant fait orner d’un harnois couvert d’or, et plein de sonnettes qui rendoient