Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la chambre de sa femme, ce valet fait secrétement évader Philésitère. L’ayant mis en liberté hors de la maison, et ne craignant plus rien, il ferme la porte, et retourne se coucher. Mais si-tôt qu’il fut jour, Barbarus se levant d’auprès de sa femme, apperçut sous le lit des souliers qu’il ne connaissoit point, qui étoient ceux de Philésitère. Cela lui fit d’abord soupçonner ce qui étoit arrivé, et sans rien témoigner de sa douleur à personne, il les prend secrétement, et les met sous son manteau, fait lier et garotter Myrmex par ses autres valets, et leur ordonne de le traîner après lui, vers la place du marché, dont en gémissant il prend le chemin à grands pas, persuadé que ces souliers lui serviroient à découvrir l’auteur de sa disgrace.

Dans le temps qu’il passoit ainsi dans la rue, la douleur et la rage peintes sur le visage, suivi de Myrmex chargé de chaînes, qui n’avoit pas été pris sur le fait, à la vérité, mais qui se sentant coupable, pleuroit et se lamentoit, de manière qu’il excitoit, mais inutilement, la compassion de tout le monde, Philésitère le rencontre fort à propos, et quoique ce jeune homme eût une affaire qui l’appelloit ailleurs, cependant touché d’un tel spectacle, sans en être troublé, il fait réflexion à la faute, que sa précipitation lui avoit fait faire en sortant de la chambre d’Arèté, et jugeant bien que ce qu’il voyoit en étoit une suite, aussi-tôt usant d’adresses, et s’armant de