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pris sans mon conseil, qui tremble à n’en pouvoir plus, quand il voit seulement froncer le sourcil à votre désagréable et odieux mari, et qui par conséquent vous cause tant de chagrin, par la langueur et la foiblesse de son amour, qui répond si mal à la passion que vous avez pour lui. Oh ! que Philésitère est bien un autre homme, continua-t-elle ! il est jeune, beau, libéral, vaillant, et tel que la vigilance inutile des maris ne fait que l’animer encore davantage. C’est, je vous jure, le seul homme qui mérite d’avoir les bonnes graces de toutes les femmes, et le seul qui soit digne de porter une couronne d’or sur la tête, quand ce ne seroit que pour ce qu’il imagina dernièrement avec tant d’esprit, contre un mari jaloux. Au reste, écoutez-moi, et remarquez la différence qu’il y a d’un tel homme à votre amant. Vous connoissez un nommé Barbarus, l’un des sénateurs de notre ville, que le peuple nomme communément le scorpion, à cause de son humeur aigre et piquante. Il a une femme qui est de bonne famille et d’une très-grande beauté, qu’il tient renfermée chez lui, avec toutes les précautions imaginables. Vraiment, dit la meunière, je la connois parfaitement bien ; vous voulez parler d’Arète, qui a été autrefois ma compagne d’école. Vous savez donc, reprit la vieille, l’histoire de Philésitère ? Nullement, répondit-elle ; mais je meurs d’envie de la savoir, et je vous prie, ma bonne mère, de me la conter d’un bout à l’autre.