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jour ce vase, dont la valeur les avoit éblouis, jusqu’à leur faire commettre un sacrilège ; cette coupe qu’ils venaient de dérober jusques sur les autels de la mère des Dieux, lorsqu’enfermés dans son temple, ils faisoient semblant de célébrer ses secrets mystères (10) ; ajoutans qu’ils étoient ensuite sortis de la ville dès la pointe du jour, sans parler à personne, comme s’ils eussent pu fuir le châtiment que méritoit un si grand crime. En même-temps un de ces gens-là fourrant sa main dans le sein de la Déesse que je portois, trouva la coupe d’or et la fit voir à tout le monde.

Ces infâmes hommes ne parurent ni consternés, ni même effrayés de se voir convaincus d’un tel sacrilège, et tournant la chose en raillerie : Voilà, disaient-ils, un grand malheur et une chose bien épouvantable ? Oh combien d’innocens, continuoient-ils, courent risque souvent d’être punis, comme s’ils étoient coupables, puisque des prêtres qui n’ont commis aucune faute, se trouvent en danger de perdre la vie, pour un petit gobelet, dont la mère des Dieux a fait présent à la Déesse de Syrie sa sœur qui étoit venue lui rendre visite.

Malgré ces mauvais discours et plusieurs autres semblables, ces hommes les ramènent et les jettent en prison (11). L’on remit la coupe dans le temple, avec l’image de la Déesse que je portois, pour y rester toujours. Le lendemain on me conduisit au