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LES

MÉTAMORPHOSES:

ou

L’ANE D’OR D’APULÉE,

PHILOSOPHE PLATONICIEN,

LIVRE NEUVIEME.


C’est ainsi que ce détestable bourreau armoit ses mains scélérates contre ma vie. Il n’y avoit pas de temps à perdre dans un danger si pressant ; il falloit prendre son parti sur le champ. Je résolus de me garantir par la fuite de la mort qu’on me préparoit ; et dans le moment, rompant le licou qui me tenoit attaché, je m’enfuis de toute ma force en ruant souvent, de peur qu’on ne m’arrêtât. Ayant bientôt traversé le premier portique, je me jette, sans balancer, dans la salle à manger, où le maître de la maison régaloit les prêtres de la Déesse, avec la viande des victimes qu’il avoit immolées. Je brise et renverse une bonne partie des viandes qui étoient apprêtées, les tables mêmes et d’autres meubles. Le maître du logis, fort fâché d’un si grand désordre, me fit mettre entre les mains d’un de ses gens, et lui ordonna de m’enfermer avec grand soin, en quelque endroit bien sûr, comme un animal