Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, II.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le lendemain ils sortirent tous habillés de couleurs différentes, ajustés d’une manière hideuse et ridicule, ayant le visage barbouillé avec de la boue, les paupières peintes, des espèces de mitres sur la tête, et des robes, les unes de lin, les autres de soie, et d’autres, couleur de safran ; quelques-uns en avoient de blanches, avec de petites raies, couleur de pourpre ; tous avec des ceintures autour du corps et des souliers jaunes. Ils me donnèrent la Déesse à porter, couverte d’un voile de soie, et tenant dans leurs mains de grands couteaux et des haches ; après s’être dépouillés les bras jusqu’aux épaules, ils se mettent aux champs en dansant, et sautant au son de la flûte, comme font les Bacchantes dans leurs plus grands transports.

Après avoir passé devant quelques méchantes cabanes, ils arrivèrent à la maison de campagne d’un homme fort riche, faisant des cris et des hurlemens dès le pas de la porte ; ils y entrèrent comme des furieux (17) : si-tôt qu’ils y furent, ils se mirent à pancher la tête de tous côtés, tournant le cou de différentes manières, faisant aussi voler leurs cheveux épars en rond, et se mordant les bras de temps en temps, que chacun d’eux se taillada ensuite (18) avec son couteau à deux tranchans. Il y en eut un qui parut encore plus transporté que les autres ; il faisoit semblant d’avoir l’esprit absolument égaré, et par de grands soupirs qu’il tiroit du fond de