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Après avoir marché quelque temps, nous arrivâmes dans un bois agréable, couvert d’arbres fort élevés. Nos conducteurs jugèrent à propos de s’y arrêter pour manger et pour panser, le mieux qu’ils pourroient, les plaies qu’ils avoient en plusieurs endroits de leur corps. S’étant donc tous mis par terre de côté et d’autre, ils travaillèrent d’abord à reprendre des forces par la nourriture ; ensuite ils se hâtèrent de faire quelques remèdes à leurs blessures ; les uns les lavoient au bord d’un ruisseau qui couloit près de là ; les autres appliquoient des éponges mouillées sur leurs contusions, et d’autres bandoient leurs plaies avec du linge. Ainsi chacun faisoit de son mieux pour se raccommoder.

Pendant ce temps-là, un vieillard les regardoit faire du haut d’une colline qui étoit proche ; des chèvres qui paissoient autour de lui, faisoient assez connoître que c’étoit un berger. Un des nôtres lui demanda, s’il n’avoit point de lait à vendre, ou du fromage mou ; mais ce vieillard branlant plusieurs fois la tête : Eh quoi, lui répondit-il, vous songez à boire et à manger ! ignorez-vous en quel lieu vous êtes. Après ces mots, il fit marcher son troupeau, et se retira fort loin. Le discours de ce berger, et sa fuite, allarmèrent extrêmement nos gens, et pendant que tous effrayés, ils cherchoient à apprendre en quel endroit ils étoient, sans trouver personne qui pût les en instruire, ils apperçurent