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vous fais avec la dernière instance, qui est que nous vivions secrètement ensemble, comme si nous étions mariés, et sans qu’aucun de nos domestiques s’en apperçoive, jusqu’à ce que le temps qui reste pour finir l’année de mon deuil soit expiré. Thrasile, vaincu par cette trompeuse promesse, se rendit, et consentit avec joie au commerce secret qu’elle lui proposoit. Il souhaitoit avec passion que la nuit fût bientôt de retour, préférant la possession de Carite à toutes les choses du monde. Mais au moins, lui dit-elle, venez bien enveloppé d’un manteau sans aucune suite, et dans le commencement de la nuit, approchez-vous de ma maison sans faire le moindre bruit. Donnez seulement un coup de sifflet, et attendez ma nourrice qui sera au guet derrière la porte, elle vous ouvrira et vous conduira, sans lumière, dans ma chambre.

Thrasile ne se défiant de rien, approuva l’appareil de ces funestes nôces ; il étoit seulement fâché d’être obligé d’attendre le retour de la nuit ; et se plaignoit que le jour duroit trop long-temps. Enfin si-tôt que la lumière eut fait place aux ténèbres, cet homme, séduit par une douce espérance, s’enveloppa dans un manteau, comme l’avoit exigé Carite, et fut conduit dans la chambre où elle couchoit par l’artificieuse nourrice, qui l’avoit attendu à la porte de la rue. Alors cette vieille lui faisant beaucoup d’amitiés, suivant l’ordre qu’elle en avoit reçu de