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j’y appris celle du pays avec une peine et un travail incroyable, n’étant guidé par aucun Maître (7). Ainsi, je vous prie, avant tout, de m’excuser s’il m’arrive de faire quelques fautes, en parlant une langue qui m’est étrangère, que je préfère cependant à la mienne, parce que cette légèreté de style s’accorde déjà en quelque façon avec celui que j’ai dessein d’employer. Voici donc l’histoire de ce qui m’est arrivé en Grèce (8) ; elle vous fera plaisir : prêtez-moi toute votre attention.

J’allois pour quelque affaire en Thessalie, d’où je suis aussi originaire, ayant l’honneur de descendre, du côté de ma mère, du fameux Plutarque (9), et du philosophe Sextus, son petit-fils (10). Après avoir traversé de hautes montagnes, de profondes vallées, des prés et des plaines, monté sur un cheval blanc du pays, qui étoit fort fatigué, aussi-bien que moi, je mis pied à terre pour me délasser un peu de ma sédentaire lassitude (11), en marchant quelque temps. Je débridai mon cheval, qui étoit tout en sueur, je lui frottai soigneusement le front (12), et le menai au pas, jusqu’à ce qu’il se fût soulagé, en faisant ses fonctions ordinaires et naturelles. Pendant qu’en chemin faisant, baissant la tête et tournant la bouche sur le flanc, il arrachoit de côté et d’autre quelque bouchée d’herbe le long des prés par où nous