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celle-là. Dans le moment, nos voleurs arrivèrent tous chargés du butin ; il falloit qu’ils eussent essuyé quelque rude combat ; car il y en avoit plusieurs de blessés qui restèrent dans la caverne pour panser leurs plaies, pendant que ceux qui étoient les plus alertes se disposoient à aller quérir le reste de leur vol qu’ils avoient caché, à ce qu’ils disoient, dans une grotte. Après qu’ils eurent mangé un morceau à la hâte, ils nous amenèrent, mon cheval et moi, et nous firent marcher à coups de bâton par des vallons et des lieux détournés, jusqu’au soir, que nous arrivâmes fort fatigués proche d’une caverne, d’où ils tirèrent beaucoup de hardes, et nous en ayant chargés, sans nous laisser prendre haleine, ils nous firent repartir dans le moment. Ils nous faisoient marcher avec tant de précipitation, craignant qu’on ne courût après eux, qu’à force de coups dont ils m’assommoient, ils me firent tomber sur une pierre qui étoit proche du chemin, d’où, tout blessé que j’étois au pied gauche et à la jambe droite, ils me firent relever en me maltraitant encore plus qu’auparavant. Jusqu’à quand, dit l’un d’eux, nourrirons nous cet âne éreinté, dont nous tirons si peu de service, et que voilà présentement encore boiteux. Il nous a apporté le malheur avec lui, dit un autre ; depuis que nous l’avons, nous n’avons pas fait une seule affaire un peu considérable ; nous n’avons presque gagné que des coups, et les plus braves