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lui-même de votre bouche. Traversant ensuite ces tristes eaux, vous y verrez nager le spectre hideux d’un vieillard (28), qui vous tendant les mains, vous priera de lui aider à monter dans le bateau ; n’en faites rien, et ne vous laissez pas toucher d’une pitié qui vous seroit funeste.

Lorsque vous serez arrivée à l’autre bord du fleuve, vous n’aurez pas beaucoup marché, que vous trouverez de vieilles femmes occupées à faire de la toile (29), qui vous prieront de leur aider un moment, il ne faut pas seulement que vous touchiez à leur ouvrage. Ce sont autant de pièges que Vénus vous tendra pour vous faire tomber des mains au moins un des gâteaux que vous devez porter avec vous, et ne croyez pas que ce fût une perte légère ; car si vous en laissez échapper un, vous ne reverrez jamais la lumière. Vous trouverez devant le palais de Proserpine un chien d’une grandeur énorme (30), qui a trois têtes, dont il aboie d’une manière effrayante, et qui, ne pouvant faire de mal aux morts, tâche de les épouvanter par ses hurlemens. Il garde continuellement l’entrée de ce palais ; si vous lui jettez un de vos gâteaux, vous passerez devant lui sans peine, et vous arriverez à l’appartement de Proserpine, qui vous recevra avec bonté, et vous invitera de vous asseoir, et de vous mettre avec elle à une table magnifiquement servie ; mais gardez-vous bien d’en rien faire ; asseyez-vous à