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dit-elle, que sa grossesse excitera ma compassion, et que je l’épargnerai en faveur du digne fruit dont je dois être la grand’mère. Ne serai-je pas fort heureuse d’être ayeule à la fleur de mon âge, et que l’enfant d’une vile esclave soit appellé le petit-fils de Vénus ; mais, que dis-je, cet enfant ne me sera rien, les conditions sont trop inégales : de plus, un mariage fait dans une maison de campagne, sans témoin et sans le consentement des parens, ne peut jamais rien valoir ; ainsi ce ne pourroit être qu’un enfant illégitime, quand même, jusqu’à sa naissance, je laisserois vivre la mère.

En achevant ces mots, elle se jète sur elle, lui déchire sa robe en plusieurs endroits, lui arrache les cheveux, et lui meurtrit le visage de plusieurs coups. Prenant ensuite du blé, de l’orge, du millet, de la graine de pavot, des pois, des lentilles et des fèves, et les ayant bien mêlés ensemble et mis en un monceau : Tu me paroîs si déplaisante et si laide, dit-elle à Psiché, que tu ne peux jamais te faire aimer que par des services, et des soins empressés. Je veux donc éprouver ce que tu sais faire ; sépare-moi tous ces grains qui sont ensemble, et mets-en chaque espèce à part ; mais que je voie cela fait avant la nuit. Après avoir donné cet ordre, elle s’en alla à un festin de nôces, où elle avoit été invitée.

La pauvre Psiché, toute consternée d’un com-