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Déesse étoit écrit, et les bienfaits qu’en avoient reçus ceux de qui venoient ces offrandes. Psiché se mit à genoux, et ayant embrassé l’autel, où il paroissoit qu’on avoit sacrifié depuis peu, elle essuya ses larmes, et fit cette prière.

Sœur (6) et femme du grand Jupiter, soit que vous vous teniez dans les anciens temples de Samos (7), qui fait gloire de vous avoir vu naître et de vous avoir élevée, soit que vous habitiez l’heureux séjour de Carthage, où l’on vous adore sous la figure d’une fille qui monte au ciel sur un lion (8), soit enfin que vous vous trouviez dans la fameuse ville d’Argos, qu’arrose le fleuve Inachus (9), où l’on vous appèle la femme du Dieu qui lance le tonnère, et la reine des Déesses, vous qu’on honore dans tout l’Orient, sous le nom de Zygia (10), et sous celui de Lucine dans l’Occident (11), Junon secourable (12), ne m’abandonnez pas, dans l’état déplorable où je suis réduite ; délivrez-moi du péril affreux dont je suis menacée, après avoir souffert tant de peines ; je l’espère d’autant plus, que je sai que vous avez coutume d’être favorable aux femmes enceintes qui ont besoin de votre secours.

A cette humble prière, Junon parut avec tout l’éclat et la majesté qui l’environne. Je souhaiterois, dit-elle à Psiché, pouvoir vous exaucer ; mais la bienséance ne me permet pas de vous protéger contre Vénus, qui est ma bru (belle-fille) (13), et