mieux que vous. Et quand cela ne seroit pas, afin que vous ressentiez mieux le peu de cas que je fais de vous ; j’adopterai quelqu’un des enfans de ma suite, et je lui donnerai les aîles, le flambeau, l’arc et les flèches, en un mot, tout ce que je vous avois donné, et dont vous avez fait un si mauvais usage : tout cela vient de moi, et non pas de votre père (17). Mais vous n’avez jamais eu que de mauvaises inclinations ; vous étiez méchant dès votre enfance, vous n’avez aucun égard ni aucun respect pour vos parens, que vous avez maltraités tant de fois, et moi-même qui suis votre mère, combien de fois ne m’avez-vous pas blessée ? vous me traitez avec mépris, comme une veuve abandonnée, sans craindre ce fameux guerrier qui est votre beau-père. Que dis-je, malgré le chagrin que cela me cause, ne le blessez-vous pas à tout moment pour cent beautés différentes ; mais je vais faire en sorte que vous aurez tout lieu de vous repentir d’en user ainsi, et du beau mariage que vous avez fait.
Mais, que ferai-je présentement, dit-elle en elle-même, lorsque ce fils ingrat me méprise ? A qui m’adresserai-je ? Comment pourrai-je punir ce petit fourbe ? Irai-je demander du secours à la Sobriété, qui est ma mortelle ennemie (18), et que j’ai tant de fois offensée pour complaire à mon fils, et faudra-t-il même que j’entre seulement en conversation avec une femme si désagréable et si grossière ?