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larmes et calmez votre douleur. Adressez vos vœux et vos prières à Cupidon, le plus grand des Dieux ; et comme il est jeune et sensible, comptez que vos soins vous le rendront favorable.

Psiché ne répondit rien à ce Dieu des Bergers ; mais l’ayant adoré comme une divinité propice, elle continua son chemin. Après avoir marché quelque temps comme une personne égarée, elle suivit un chemin qu’elle ne connoissoit point, qui la conduisit à une ville, où régnoit le mari d’une de ses sœurs. Psiché en étant informée, se fit annoncer à sa sœur, et demanda à la voir. Elle fut aussi-tôt conduite auprès d’elle. Après qu’elles se furent embrassées l’une et l’autre, Psiché, à qui sa sœur demanda le sujet de son voyage, lui parla ainsi : Vous vous souvenez du conseil que vous me donnâtes de couper avec un rasoir la tête à ce monstre, qui sous le nom d’époux, venoit passer les nuits avec moi, et de prévenir le dessein qu’il avoit de me dévorer. Mais, comme j’allois l’entreprendre, et que j’eus approché la lumière pour cet effet, je vis avec la dernière surprise le fils de Vénus, Cupidon lui-même, qui reposoit tranquillement. Transportée de plaisir et d’amour à cette vue, dans le moment que j’allois embrasser ce charmant époux, par le plus grand malheur du monde, je répandis une goûte d’huile enflammé sur son épaule. La douleur