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débarrasse d’entre les bras de l’infortunée Psyché, et s’envole sans lui parler. Mais elle le saisit avec ses deux mains par la jambe droite, de manière qu’elle est enlevée en l’air, jusqu’à ce qu’étant lasse et n’en pouvant plus, elle lache prise et tombe à terre. Ce Dieu amant ne voulant pas d’abord l’abandonner dans cet état, vole sur un ciprès qui étoit proche, d’où il lui parla ainsi : Trop foible et trop simple Psiché ! Loin d’obéir à Vénus, ma mère, qui m’avoit ordonné de vous rendre amoureuse du plus méprisable de tous les hommes, et d’en faire votre époux, moi-même j’ai voulu rendre hommage à vos charmes. J’ai fait plus, et je vois bien que j’ai eu tort ; je me suis blessé pour vous d’un de mes traits, et je vous ai épousée, et tout cela, Psiché, afin que vous crussiez que j’étois un monstre, et que vous coupassiez une tête, où sont ces yeux qui vous trouvoient si belle. Voilà le malheur que je vous prédisois toujours qui nous arriveroit, si vous négligiez les avertissemens que je vous donnois avec tant de tendresse. A l’égard de celles qui vous ont donné des conseils si pernicieux, avant qu’il soit peu je les en ferai repentir ; pour vous, je ne puis mieux vous punir qu’en vous abandonnant. En achevant ces mots, l’Amour s’envole.

Psiché couchée par terre, pénétrée de la douleur