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tous les trésors qui sont dans ce palais, ensuite nous vous donnerons un époux qui vous convienne. Après que ces perfides eurent ainsi enflammé le cœur de Psiché, elles prirent congé d’elle, craignant d’être enveloppées dans le péril où elles l’exposoient, et se firent rapporter par le Zéphir sur le rocher où il avoit accoutumé de les aller prendre. Si-tôt qu’elles y furent, elles allèrent vite regagner leurs vaisseaux pour retourner chez elles.

Psiché, abandonnée à elle-même, ou plutôt aux furies qui la déchirent, n’est pas moins agitée que la mer pendant l’orage. Quelque ferme résolution qu’elle eût prise, le temps venu d’exécuter son dessein, elle chancelle, et ne sait à quoi se résoudre. Dans le triste état où elle est réduite, son cœur est tourmenté de mille passions différentes ; elle se hâte, elle diffère, elle ose, elle craint, elle se défie, elle est transportée de colère ; et ce qui est de plus cruel pour elle, dans le même objet, elle hait un monstre et aime un mari. Enfin, voyant le jour prêt à finir, elle se détermine et prépare avec précipitation, tout ce qu’il faut pour exécuter son projet criminel.

Quand il fut nuit, son mari vint se coucher auprès d’elle. Après qu’il lui eut fait de nouvelles protestations de tendresse amoureuse, il s’endort profondément. Alors Psiché, toute foible de corps