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trop sur la providence des Dieux, on en devient indigne.

Ces méchantes femmes voyant le cœur de Psiché à découvert, crurent qu’il n’étoit plus besoin de prendre aucun detour, et que s’étant entièrement emparées de son esprit, elles n’avoient qu’à agir ouvertement. Ainsi l’une d’elles prenant la parole : les liens du sang, lui dit-elle, qui nous unissent à vous, nous engagent à ne considérer aucun danger, quand il s’agit de votre conservation. Ainsi nous vous dirons le seul moyen que nous avons trouvé, qui peut empêcher votre perte, munissez-vous d’un bon rasoir bien repassé et bien tranchant, et le serrez dans votre lit, du côté où vous avez accoutumé de coucher ; cachez aussi sous quelque vase une petite lampe pleine d’huile et bien allumée, faites tout cela secrétement ; et, lorsque le monstre se sera traîné en rampant à son ordinaire jusqu’à votre lit, qu’il se sera couché auprès de vous, et que vous le verrez enseveli dans un profond sommeil, levez-vous doucement et sans faire le moindre bruit, allez quérir votre lampe, servez-vous de sa lumière et prenez bien votre temps pour exécuter une action courageuse. Coupez hardiment la tête de ce dragon avec le rasoir que vous aurez préparé ; nous serons toutes prêtes à vous secourir, et si-tôt que vous aurez mis votre vie en sûreté par sa mort, nous reviendrons vous trouver, pour emporter avec vous,