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caresses infâmes et dangereuses de ce dragon, de manière que vous ne vouliez pas suivre nos conseils, au moins n’aurons-nous rien à nous reprocher, nous aurons fait notre devoir à votre égard.

La pauvre Psiché, trop simple et trop crédule, fut si épouvantée de ce que ses sœurs disoient et en eut l’esprit si troublé, que ne se souvenant plus des avertissemens de son mari, ni de la promesse qu’elle lui avoit faite, elle courut elle-même au-devant de sa perte. Mes chères sœurs, leur dit-elle avec un visage où la frayeur étoit peinte, et d’une voix entrecoupée de sanglots, vous me donnez des marques bien sensibles de la tendresse que vous avez pour moi ; j’ai même lieu de croire que ceux qui vous ont fait ce rapport ne vous ont rien dit qui ne soit véritable. Je n’ai jamais vu mon mari, et j’ignore absolument de quel pays il est. Je passe les nuits avec cet époux, dont j’entends seulement la voix, que je ne connais point, et qui fuit la lumière. Je ne puis m’empêcher de convenir qu’il faut bien que ce soit quelque monstre, comme vous me l’avez dit ; car il m’a toujours défendu expressément, et avec grand soin, de souhaiter de le voir, m’assurant que cette curiosité m’attireroit le dernier des malheurs. Si vous savez donc quelques moyens de secourir votre sœur dans cette extrémité, ne les lui refusez pas, je vous en conjure. Quand on se repose