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disoit l’une, du ridicule mensonge que cette innocente vient de nous faire ? Son mari, à ce qu’elle nous disoit, étoit un jeune homme qui n’avoit point encore de barbe ; présentement il est entre deux âges, et ses cheveux commencent à blanchir. Quel est donc cet homme qui vieillit de la sorte en si peu de temps ? Ma sœur, reprit l’autre, de deux choses l’une, ou Psiché ne nous a pas dit la vérité, ou jamais elle n’a vu son mari. Que ce soit l’un ou l’autre, il faut faire en sorte au plutôt de détruire le bonheur dont elle jouit. S’il est vrai qu’elle ne sache point comme est fait son époux, sans doute elle est mariée à un Dieu ; elle porte un enfant divin dans son sein ; et certainement si elle vient à être mère de quelque demi-Dieu (le Ciel nous en préserve), mais si cela arrivoit, je m’étranglerois dans le moment. Cependant retournons chez notre père, et prenons des mesures justes pour venir à bout de nos desseins.

Ainsi agitées par la violence de leur passion criminelle, après avoir par manière d’acquit, visité leur père et leur mère, elles se lèvent avant la fin de la nuit, troublent toute la maison, en sortent comme des furies, courent au rocher, et y arrivent avec le jour ; et de là, par le secours ordinaire du Zéphir, volent au palais de leur sœur. Après s’être frottées les yeux pour en arracher quelques larmes, elles l’abordent avec ce discours plein d’artifice : Vous