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tout son art magique, ne put jamais parvenir à aucune magistrature, quoiqu’il fût de bonne maison, qu’il eût été fort bien élevé, et que son éloquence fût fort estimée. Ce n’est point par un mépris philosophique, poursuivit-il, qu’il a vécu hors des emplois politiques ; car il se faisoit honneur d’avoir une charge de prêtre, qui lui donnoit l’intendance des jeux publics, et il disputa vivement contre ceux qui s’opposoient à l’érection d’une statue, dont les habitans d’Oëa le voulurent honorer (S. Augustin, epist. 5.). Rien ne montre plus sensiblement l’impertinente crédulité des Payens, que d’avoir dit qu’Apulée avoit fait un si grand nombre de miracles[1], qu’ils égaloient ou même qu’ils surpas-

    (Apolog.). Il exagéra, comme il faut, cette sorte de fourberie. Ses paroles sont dignes d’être gravées en lettres d’or en mille lieux, pour étonner, s’il est possible, les calomniateurs qui, en tout pays et en tout siècle, se servent de semblables infidélités. Multa sunt (dit-il, Apol.), quæ sola prolata calomnia possunt videri obnoxia. Cujavis oratio insimulari potest, si ea quæ ex prioribus nexa sunt principio sui defraudentur, si quædam ex ordine scriptorum ad libidinem supprimantur, si quæ simulationis causa dicta sunt, adseverantis pronunciatione quam exprobrantis legantur.

  1. On auroit de la peine à croire qu’il eût été ainsi parlé des miracles d’Apulée, si des gens dignes de foi ne l’attestoient ; mais, nous voyons que cette impertinence des payens étoit tellement prônée au siècle de S. Augustin, qu’on