voyez une fois, vous ne me reverrez jamais. C’est pourquoi, si ces abominables femmes (7) reviennent ici avec leurs noires intentions, et je sai qu’elles y viendront, ne leur parlez point ; et si vous ne pouvez vous en empêcher par la foiblesse que vous avez pour elles, et par la bonté de votre naturel, au moins n’écoutez rien sur ce qui regarde votre mari, et ne répondez pas un mot. Vous portez dans votre jeune sein des fruits de notre himenée : si vous tenez nos secrets cachés, je vous annonce que cet enfant sera au nombre des Dieux, mais si vous les révélez, ce ne sera qu’un simple mortel.
Psiché charmée de ce qu’elle venoit d’entendre, en devient plus belle ; elle s’applaudit de sa fécondité, et se réjouit dans l’espérance qu’elle a d’être mère d’un Dieu : elle compte avec soin les jours et les mois dans l’impatience qu’elle a de mettre au monde cet enfant divin. Mais ses sœurs, ces deux furies qui ne respirent que le crime, s’étoient embarquées pour venir exécuter leur détestable dessein.
Cependant le mari de Psiché l’avertit encore de ce qu’elle avoit à craindre : Voici, lui dit-il, le dernier jour, le péril est proche ; vos sœurs ingrates et denaturées, ont pris les armes, ont sonné la charge, et vont fondre sur vous. Je les vois déjà qui vous tiennent le couteau sur la gorge : Ah ! ma chère Psiché, que de malheurs vous environnent ; ayez pitié de moi, ayez pitié de vous-même ; gardez