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nombre de voix, qui avoient ordre de la servir, elle les mène se baigner dans des bains délicieux : ensuite elle leur donne un repas dont l’appareil étoit superbe, et où l’abondance étoit jointe à la délicatesse et à la propreté. La vue de tant d’opulence et de tant de merveilles, ne servit qu’à faire naître dans le cœur de ces Princesses le noir poison de l’envie.

L’une des deux ne cessa point de lui demander qui étoit le maître de tant de choses extraordinaires et de l’interroger du nom et de la qualité de son mari. Psiché se souvint toujours des conseils qu’elle avoit reçus, et tint son secret renfermé dans son cœur ; mais imaginant une réponse dans le moment, elle leur dit que son mari étoit un homme dans la fleur de son âge, parfaitement beau et bienfait, qui faisoit sa principale occupation de la chasse dans les forêts et sur les montagnes voisines ; et de peur qu’un plus long entretien ne leur fît découvrir quelque chose de ce qu’elle vouloit cacher, elle leur fit présent de quantité de bijoux d’or et de pierreries : ensuite elle appèle le Zéphir, et lui ordonne de les reporter où il les avoit prises, ce qui fut aussi-tôt exécuté.

Pendant que ses deux bonnes sœurs s’en retournoient chez elles, le cœur dévoré par l’envie, elles faisoient éclater leur chagrin par leurs discours. Fortune aveugle et cruelle, dit l’une ! pourquoi faut-il qu’étant nées d’un même père et d’une même mère, nous ayons une destinée si différente, que nous qui