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de mettre en jeu[1]. On a observé qu’Apulée, avec

  1. Je produirai seulement un de ces exemples, afin qu’on voie que, dans tous les siècles, l’esprit de la calomnie a été de forger des preuves par des lambeaux ou par des extraits infidèles de ce que quelqu’un a dit ou écrit. Les accusateurs d’Apulée, pour le convaincre de magie, alléguèrent une lettre que sa femme avoit écrite pendant qu’il la recherchoit : ils soutinrent qu’elle avoit avouée dans cette lettre qu’Apulée étoit magicien, et qu’il l’avoit ensorcelée. Il ne leur étoit pas difficile de faire accroire qu’elle avoit écrit cela ; car ils ne lisoient que certains mots de sa lettre, détachés de ce qui les précédoit et de ce qui les suivoit : et personne ne les pressoit de lire tout. Apulée les couvrit enfin de honte, en faisant lire tout le passage de la lettre de Pudentilla. Il paroît que, bien loin de se plaindre d’Apulée, elle le justifioit, et se mocquoit finement des accusateurs. Voyez ses paroles, vous y trouverez que les mêmes termes précisément peuvent être ou l’accusation ou la justification d’Apulée, selon qu’on les détache de ce qui précède, ou qu’on ne les détache pas. Βουλομένην γάρ με δι’ ἃς εἶπον αἰτίας γαμηθῆναι, αὐτὸς τοῦτον ἔπεισας ἀντὶ πάντων αἱρεῖσθαι, θαυμάζων τὸν ἄνδρα, καὶ σπουδάζων αὐτὸν οἰκεῖον ἡμῖν δι’ ἐμοῦ ποιῆσαι. νῦν δὲ ὡς μοχθηροὶ ὑμᾶς κακοηθεῖς τε ἀναπείθουσιν, αἰφνίδιον ἐγένεθο Ἀπολέϊος μάγος, καὶ ἐγὼ μεμάγευμαι ὑπ’ αὐτοῦ. καὶ ἐρῶ. καὶ ἤλθετε νῦν πρὸς ἐμέ, ἕως ἔτι σωφρονῶ. Cum enim vellem nubere propter eas causas, quas dixi, tu ipse persuasisti mihi, ut hunc præ omnibus eligerem, admirans virum, et cupiens reddere eum nobis familiarem meâ operâ. Nunc verò cùm nefarii et maligni vos sollicitant, Apuleius repentè Magus factus est, et ego incantata sum ab eo. Certè amo eum. Venite nunc ad me, donec adhuc sum compos mentis